Habiter dans le métro et ne pas savoir lire… Telle est la vie de « Malheur », orphelin amené à rejoindre l’univers sans pitié des enfants de la débrouille. Mais un petit bonheur en papier, légué par sa grand-mère, lui donnera la force de s’arracher à ce destin. Un roman intense, où s’invitent espoir et émotion.

‍Il est le treizième de la bande, celui qui porte « Malheur ». Il est aussi le plus petit. Face aux gros bras de Jordi, heureusement que Mila, la plus âgée, est là pour le protéger. Dans les couloirs du métro, au sein de la tribu de la ligne D, il faut se battre pour manger et être respecté. La vie y est rude aussi, faite de manques, de drogues, de désoeuvrement. La violence est quotidienne.
Lui, en plus, doit protéger son trésor : un écusson, sur lequel sa grand-mère a brodé un « poisson d’argent », en écho au surnom qu’elle donnait à son petit-fils. Ce trésor lui réservera une surprise de taille : à l’intérieur de l’écusson, la grand-mère a dissimulé un message, avant de mourir.
L’existence de cet héritage va changer la vie de « Malheur ». Cela va lui donner envie de rejoindre un centre d’éducation pour apprendre à lire. Malgré les intimidations violentes de Jordi, de Mila et de toute la bande, « Poisson d’argent » va enfin pouvoir déchiffrer les mots de sa grand-mère, qui, par delà la mort, veille avec amour sur lui. L’enfant apprivoisera avec passion tous ces mots de la ville ou des journaux qui, même lorsqu’il ne les comprenait pas, attisaient finalement son envie de vivre.
Le roman de Sylvie Deshors entre sans faux semblants dans l’univers de ces enfants exclus. D’une écriture directe et incisive, il évoque avec justesse les rapports de force qui y règnent, les amitiés fragiles, les plaisirs fugaces… Et la dure loi du groupe qui voit d’un oeil mauvais quiconque tente de fuir le métro pour se réinsérer dans la vie « du dessus ». Ce texte est aussi une ode à la lecture, délivrée par une grand-mère illettrée. Pour l’enfant du métro, la curiosité sera plus forte que la peur. Cette envie de savoir lui ouvrira, non sans mal, les portes de la liberté.
Avec une illustration par double page, cet ouvrage facilitera justement la lecture de ceux que les « gros » livres déstabilisent. Les dessins de Monike Czarnecki reflètent à la fois la dureté du monde des sans-abris et l’espoir sublimé que le jeune « Malheur » place dans la lecture.

L’auteure :

Sylvie Deshors est née en 1957. Avant de devenir bibliothécaire, elle a été costumière, ouvrière, ébéniste. Aujourd’hui, elle vit et écrit à Lyon. Écrire, pour elle, « c’est accoster à l'autre, aller vers l'ailleurs ». Écrire, comme certains « dessinent, plantent, soudent, rêvent... ». Poisson d’argent est son premier roman à Rue du monde.

L’illustratrice :

Monike Czarnecki est née en 1961. Elle a vécu toute son enfance dans le Nord avec ses cinq frères et soeurs. Elle a beaucoup dessiné pour la presse jeunesse. Elle aime que son dessin raconte aux enfants le monde tel qu’il est, à la manière d’un photographe. À Rue du monde, elle a illustré Le Grand Livre des filles et des garçons et P’tite mère.